Message de BEN VAUTIER reçu le 21/08/98
La culture sert de miroir au pouvoir narcissique dominant.Parfois je suis optimiste et je pense l'art est un cri de vérité.l'art est une rencontre inoubliable l'art nous prend à la gorge l'art nousfait rire aux larmesl'art nous apporte ce qui nous manquait.le. l'art nous fait nous découvrir nous-mêmes l'art rend à chacunl'art c'est la découverte de l'autre l'art nous coupe le souff ses racinesMais si, comme Duchamp l'a dit, « c'est le regardeur qui fait le tableau »re et peut aussi, comme le train qu'on ne vola balle est dans votre camp à vous de jouerAttention une culture peut en cacher une autit pas arriver, en tuer une autre.ma position sur la cultureet je pense :Parfois je suis pessimisteà la télé la culture sert de prétexte à envahila culture c'est pour impressionner les pauvresla culture sert à avoir l'air intelligent quand on passer les autres peuples (pour leurapporter la culture)ne histoire de « tour operator » pour vous faire acheter des cartes pla culture n'est qu'
uostalesu et du vrai la culture vous élève au rang d'oies qu'on gave de cultula culture permet d'avoir bonne conscience et justifie l'impérialisme la culture c'est l'ethnocentrisme des peuples qui croient avoir le monopole du be
are la culture culpabilise (dans un musée vous faites le silence, pas dans un bar) la culture est un exercice d'égoïstes jaloux les uns des autresculture c'est le cadeau bonux de la société de consommation la culture doitla culture permet à ceux qui savent de faire honte à ceux qui ne savent pas la culture c'est la boursouflure qui accompagne le bruit des bottes la
vous faire croire que l'artiste est un être supérieur la culture des uns sert à étouffer la culture des autres. A. ART (AVANT GARDE DES ETHNIES MINORITAIRES) Trois remarques :ue certains sont artistiquement en retard sur d'autres est faux tou1. tous les peuples et cultures du monde, qu'ils soient Aborigènes, Bantous, Anglo-Saxons, Français ou autres, ayant tous, derrière eux, le même nombre d'années passées décréter
qs sont contemporains 2. c'est la réalité des rapports de forces entre ethnies qui établit une différence hiérarchique entre elles, cherchant à réduire la modernité à la production de 5 ou 6 d'entre elles, désirant leur faire croire qu'ellesévitent de chercher à imposersont en avance sur les autres. 3. chaque culture représente à travers sa langue une vision différente d'un monde artistiquement non hiérarchisable. Il est important que tous les peuples, toutes les cultures, soient maîtres de leur destinée e
t leur culture à d'autres (ce qui n'exclut pas l'échange) ceci étant, il faut éviter que l'artiste devienne une vache à lait culturelle manipulée par une propagande institutionnelle et ethnocentrique.e force de l'art mondial actuel n'accepte pas la modernité des peuples miCe droit heurte bien sûr le credo de l'intangibilité des frontières, cher aux impérialistes, entre autres à Mitterrand et à Philippo Gonzalès. P. PEINTURE ET ETHNISME (1985) La situation de rapports
dnoritaires, la notion de modernité a été structurée de telle façon qu'elle élimine toute modernité des peuples dominés en dévalorisant leurs *uvres qu'elle classe dans la catégorie de l'art dit primitif ou folklorique. Ce qui est injuste car je ne vois pas pourquoi unla situation mondiale de l'art moderne est le reflet des rapports de forcFrançais travaillant en 1985 ferait de l'avant-garde alors qu'un Meo ou un Kurde travaillant en 1985 ferait de l'art primitif. Bref, le domaine de l'art moderne reflète la situation mondiale des rapports de force entre ethnies. A. ART ET RAPPORTS DE FORCE Actuellement
,e entre nations et ethnies. Quatre ou cinq ethnies se partagent le marché artistique dit d'avant-garde, obligeant les créateurs des autres ethnies ou bien à être considérés comme des produits folkloriques inintéressants ou bien à s'intégrer dans le champ unidirectionnel Matisse-Duchamp-Malévitch. Un exemple frappant : le Canada,nt » envers les artistes d'avant-garde des cultures du tiers monde consisd'où le marché de l'art refuse de reconnaître les sculpteurs inuits comme d'avant-garde, bien que les recherches formelles de ces artistes soient particulièrement novatrices. D'autres exemples : la peinture africaine, l'art aborigène, etc. A. ART DU TIERS MONDE ET DES PEUPLES PRIMITIFS (1979) Le comble de l'attitude de « l'Occid
ete, d'une part, à leur refuser le statut de modernité, reléguant leur art contemporain dans les musées anthropologiques et, d'autre part, à piller cette même contemporanéité (80 % de l'art africain se trouve en Europe et aux Etats-Unis). Quelles que soient les circonstances, c'est du vol ! Il faudrait que des accords internationaux réglementent le retour desu XVIIIe siècle. A. ART : CREATION ET AVANT-GARDE (1986) J'ai écrit derniè*uvres d'art que les Occidentaux ont prises aux cultures du tiers monde. On stipulerait le retour pur et simple de ces *uvres d'art dans le cadre d'un accord mutuel avec la possibilité d'échanges. Par exemple, si le Louvre désire garder une salle d'art égyptien, il faudra que le musée du Caire puisse recevoir, en échange, une salle équivalente d'art français
drement que la prochaine révolution en art serait l'ethnisme. C'est-à-dire que, dans les dix prochaines années, les artistes ne se battront plus pour pénétrer dans une histoire de l'art unidirectionnelle dans laquelle Duchamp triomphe de Matisse et Matisse de Kandinsky, mais une histoire de l'art multidirectionnelle. La créativité de l'artiste sera non seulement l'affirmation de sa singularité mais aussi la'agira d'un festival des différences, et non de l'uniformisation. Il envolonté d'approfondir son identité ethnique. Pour donner un exemple, un artiste noir ne cherchera pas à imposer une personnalité à l'occidentale, mais être original à partir de sa négritude, de son ethnie. A. ART UNIVERSEL Il est dérisoire d'imaginer une fête universelle, la même pour tous. La fête corse n'est pas la fête catalane ou bantoue. Organisons un « festival de fêtes », et nous constaterons qu'il
s va de même pour tous les autres arts, peinture, cuisine, musique, etc., qui ne sont universels que par et dans leurs différences. A. ASSIMILATION Il y a assimilation quand un peuple perd sa langue et sa culture au profit d'un autre. En réalité, l'assimilation d'un peuple par un autre s'accompagne toujours d'une oppression visant à liquider la culture de l'ethnie assujettie. Oppression qui prendra, selon les régimes, des visageséventuellement d'une troisième guerre mondiale. Combattre le nationalismedifférents. Par exemple, on ignorera sciemment son existence sur tous les plans (juridique, administratif). Quant à sa langue, elle sera considérée comme un patois. L'ethnie elle-même sera rebaptisée ; exemple : les Kurdes deviendront-ils des « Trucs montagnards ». A. AUTODETERMINATION Nous assistons aujourd'hui à la remontée des nationalismes, cause principale des deux dernières guerres et cause de 99 % des conflits régionaux et
en voulant gommer et nier l'existence des nations et des peuples est une erreur c'est comme si on cherchait à combattre les maladies sans reconnaître l'existence des organes : l'estomac, les reins, le foie. Pour combattre le nationalisme pervers, celui qui se transforme en impérialisme, il faut accepter le droit des peuples à l'autodétermination à partir de la définition qu'il y a peuple là où il y a communauté linguistique et culturelle.S AUTOUR DE L'ART A. ART, CREATION ET ETHNIE L'artiste croit souvent êtrJe suis pour l'art contemporain lorsqu'il cherche, d'une part, à dépasser Duchamp et, d'autre part, quand il veut s'ouvrir au monde et à toutes ses cultures. Pour dépasser Duchamp, il faut être prêt à remettre l'art en question, à devenir le lieu et l'espace de sa propre interrogation, c'est-à-dire à chercher les limites de l'art. L'avant-garde est aujourd'hui de remettre l'avant-garde en question en tant qu'avant-garde. MES AUTRES POSITIO
Ne seul au monde. Seul à créer, seul face aux autres. Cela est faux. « L'artiste sert à donner un sens plus pur aux mots et aux images de sa tribu » (Albert Camus). L'art c'est l'acceptation des différences, c'est l'opéra italien, c'est Wagner, ce sont les chants Maoris, c'est une berceuse corse. Ce qui signifie que, si l'artiste n'existe pas avec ce qui compose son identité, c'est-à-dire la mémoire de son groupe, l'art n'existe pas non plus. Si Baudelaire n'avait pas été français ni Dante italien, il n'ynterdite par Franco, c'est son « style » qu'il défend. Quand Nîmes vibre daurait eu ni Dante ni Baudelaire car sans leur langue il n'y a nulle place pour leur génie créatif. A. ART ET STYLE DES PEUPLES Aucune création n'est spontanée, on ne crée pas à partir de rien. Le style, c'est la manière d'un peuple de se répéter sur le plan formel. Cette répétition a pour but d'affirmer, de souligner et de garder en mémoire la différence. Elle passe par la langue, la musique, les formes (architecturales, etc.), la cuisine, ainsi que la peinture. Quand le peuple catalan danse la sardane
ians ses arènes pour l'art tauromachique, c'est également un peuple qui souligne sa différence. En musique, on admet très vite l'évidence : chaque peuple a ses rythmes et son tempo. En peinture, c'est plus difficile à appréhender car l'avant-garde (objet de consommation des riches) baigne dans le cosmopolitisme. Néanmoins, même dans une telle situation, les différences qu'on observe entre artistes portent la marque des identités culturelles. Ainsi, Tapiès et Miro, qui, pendant longtemps, ont fait figures de représentants d'une Ecole de Paris, revendiquentes valeurs n'apparaissent pas il yaujourd'hui leur identité catalane. L'AVANT GARDE POUR OU CONTRE A. Aujourd'hui, sur la scène culturelle, nous observons plusieurs critiques envers l'art contemporain et ces critiques ne sont pas toutes de même nature. Faire l'amalgame est une erreur. Il y a l'attaque poujadiste que l'on peut ramener à l'argumentation simple « mon fils peut faire ça, donc ce n'est pas de l'art, donc c'est laid » il récuse la valeur de création. Il y a l'attaque conservatrice élitiste : le beau existe, il est contenu dans certaines valeurs esthétiques et morales et là où
ca laideur qu'il faut combattre. Il y a enfin l'attaque de l'art contemporain envers lui-même, l'art contemporain ne remplit plus sa fonction d'étonnement et d'apport se cantonnant dans la variation de ce qui a déjà existé. L'art contemporain est devenu une question de connaissances plutôt qu'une question de création. Il faut connaître pour comprendre. Indiscutablement Art Press, en ne simplifiant pas le débat et en ne se mettant pas un peu plus à la portée de celui qui a envie de découvrir l'art contemporain, a aidé à donner l'image, peut-être fausse, que l'art contemporain était unel n'y a pas de peuple sans sa langue, paquestion de spécialistes et d'érudition. Entre ces trois critiques, ma propre position la voici : Je suis pour un art contemporain qui véhicule du nouveau car la recherche du nouveau est essentielle au changement et donc pour la survie de toute communauté Je suis contre l'art contemporain lorsque ce nouveau n'est plus novateur mais qu'il devient une variation du Ready Made de Marchel Duchamp. Je suis contre l'art contemporain quand il se réduit aux produits d'un club de quatre ou cinq cultures dominantes éliminant de la contemporanéité les 4 000 autres cultures qui habitent le monde.
Is de langue sans culture, pas de culture sans son avant-garde, c'est-à-dire son nouveau.BEN VAUTIER